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Les menaces violentes de l’UE d’application de sanctions, de réductions de l’aide financière, voire de sa suppression, ne font que renforcer la crise. Si l’UE jette le bouchon trop loin, il faut s’attendre à une banqueroute de l’Etat grec – ce qui pourrait avoir pour conséquence l’effondrement du système de l’euro.1
Le monde financier a réagi immédiatement lorsque l’agence de rating Fitch réduisit en décembre à BBB+ les fortes dettes grecques du fait du fort endettement du pays, portant un coup à la confiance dans cet Etat. Ce signal d’une faillite éventuelle eut pour conséquence qu’on se débarrassa des emprunts de l’Etat, que les fonds spéculatifs se tournèrent contre le pays, que les primes de risques sur les emprunts de l’Etat augmentèrent et que la bourse grecque s’effondra.
Du même coup, l’UE exige des mesures draconiennes: «L’Union européenne et le Fonds monétaire international exigèrent que les dettes privées soient remplacées par des obligations de l’Etat, à financer par des augmentations des impôts, par une réduction des dépenses publiques et l’obligation pour les citoyens à dépenser leurs économies. Cela crée une amertume grandissante non seulement envers ceux qui ont causé ces dettes, mais aussi contre les conseillers et les créanciers étrangers néolibéraux qui avaient poussé ces gouvernements à vendre leurs banques et leurs infrastructures publiques à des initiés.2
La ligne dure appliquée par la Banque centrale européenne, qui refuse aux Grecs tout «traitement particulier», a eu pour conséquence une nouvelle chute des emprunts grecs et un renchérissement des crédits nécessaires pour réduire le déficit budgétaire.
«Alors que Trichet exige des mesures brutales d’économie et que la commission de l’UE accuse la Grèce de falsifier les résultats des comptes, un groupe de travail du gouvernement allemand travaille d’arrache-pied pour trouver des failles légales qui permettraient, malgré l’interdiction des statuts de la Banque centrale européenne, de fournir une aide financière à la Grèce.
Selon le commentaire de Marco Annunziata de la banque italienne Unicredit, l’UE mènerait un jeu hasardeux, contraignant la Grèce à entreprendre de sérieuses économies tout en prévoyant, le cas échéant, une opération de sauvetage.»3
Si la Grèce cède à la pression de l’UE, on y risque des troubles sociaux. Ce n’est pas par hasard que le Premier ministre grec, Georgios Papandreou, a estimé que: «les salariés ne paieront pas les pots cassés: nous ne nous en tiendrons pas à des blocages, voire des diminutions de salaires. Nous ne sommes pas arrivés au pouvoir pour détruire l’Etat social.»4
La menace de l’UE de ne plus apporter d’aide financière à la Grèce est pour elle un boomerang: si la Grèce devait se décider à reprendre son ancienne monnaie nationale, afin d’avoir de nouveau les coudées franches pour reprendre en main son économie par une dévaluation, cela pourrait donner des idées à d’autres Etat menacés de banqueroute. Les pays méridionaux, notamment le Portugal, l’Espagne et l’Italie, mais aussi l’Irlande pourraient suivre cet exemple, ce qui mènerait à plus ou moins long terme à l’effondrement de l’union monétaire et à la fin de l’euro.
De ce fait, la Banque centrale européenne a entrepris une étude pour évaluer les risques d’un retrait d’un pays membre de l’union monétaire: «L’étude, transmise le 18 janvier au ‹Daily Telegraph›, est un exemple marquant du système de droit de l’UE, datant de la féodalité: l’auteur de l’étude estime qu’un pays sortant de l’euro, est automatiquement expulsé de l’Union européenne. Le commentateur Ambrose Evans-Pritchard du ‹Telegraph› déclare: ‹L’auteur étale une ligne de pseudo arguments et d’arguties propres aux juristes de l’UE.› On aurait mis en place un nouvel ordre juridique remplaçant l’ancienne conception de la souveraineté et réduisant en permanence les droits des nations. Ce type d’arguments a pour but d’intimider la population grecque, mais il se pourrait aussi que cela aille en sens contraire.»5
Ils furent nombreux à la fin des années huitante à avoir averti du danger «de renoncer à la souveraineté nationale et de se soumettre en 1989 à ce chantage comme condition à la réunification de l’Allemagne». On peut encore y lire que: «l’Allemagne a non seulement été contrainte de financer indirectement les autres pays de l’UE par le biais de la monnaie unique, mais encore d’adopter l’idéologie verte de l’EU, allant à l’encontre du caractère scientifique. Il faudrait pour le moins en revenir à une Europe telle qu’elle se présentait avant le traité de Maastricht – mais mieux encore à une Europe des patries, de républiques souveraines. En reprenant le système de cours de change fixes, dont la nécessité n’est plus à démontrer, on évitera la spéculation entre les différentes monnaies.»6 •
1 yourhomeadviser.com
2 Michael Hudson. Recovering from Neoliberal Disaster: Why Iceland and Latvia Won’t (and Can’t) Pay the EU for the Kleptocrats’ Ripoffs.
sur: http://investment-blog.net
3 Strategic Alert, résumé. année 24, n° 3 du 20 janvier 2010. (Ce jeu hasardeux consiste à lancer deux voitures à toute vitesse l’une contre l’autre. Celui des deux pilotes qui, au dernier moment, s’écarte passe pour lâche. Si aucun ne s’écarte, ils passent pour courageux, mais n’en retirent aucun bénéfice, étant morts.)
4 Ambros Evans-Pritchard. Greece defies Europe as EMU crisis turns deadly serious. The Telegraph du 13/12/09. www.telefgraph.co.uk
5 Strategic Alert. a.a.O.
6 Strategic Alert. a.a.O.