
Bigness.ru, par Sergei Malini, le 16 janvier 2008
Il se trouve que le pétrole est trop coûteux pour les États-Unis. L'unique superpuissance mondiale doit maintenant demander aux pays pétroliers de faire quelque chose pour arrêter la montée du prix du pétrole [*]. Lors de sa rencontre avec le Roi saoudien à Riyad, le Président Bush a exprimé l'espoir d'un OPEP prenant en considération l'influence négative exercée par le prix élevé du pétrole sur l'économie étasunienne. [NDT : à l'instant, le 17 janvier à 11 heures, la radio annonce la baisse du prix du pétrole.]
La déclaration de Bush en Arabie Saoudite, l'un des plus influents membres de l'OPEP, signifie que l'économie étasunienne en péril ne sera plus capable d'acheter les volumes actuels de pétrole cher. Le baril d'excellent pétrole est déjà négocié aux environs de 100 dollars.
Mikhail Zak, porte-parole de Veles Capital Investment Corporation a déclaré à Pravda.ru :
Les États-Unis sont le plus gros consommateur de pétrole sur le marché mondial. Si cette nation s'imposait des restrictions de consommation pétrolière, cela aurait des conséquences négatives pour les principaux fournisseurs de pétrole.
Mais, l'économie étasunienne dépend grandement de l'énergie pour le transport. Les technologies largement utilisées aujourd'hui dans l'économie étasunienne sont toutes basées sur le bon vieux pétrole et le gaz.
Les pays d'exploitation pétrolière peuvent négliger la demande de Bush ou la menace de ce genre de contexte. Les États-Unis n'ont aucune chance de réduire leur consommation pétrolière sans provoquer de graves dommages à leur propre économie. « Toute restrictions de ce genre ferait décliner l'économie des États-Unis, la dernière chose voulue par leur administration à l'heure actuelle. Si l'achat des quantités actuelles de pétrole devenait peu rentable pour eux, ils commenceraient plus tôt à utiliser leurs propres gisements, » a déclaré Mikhaïl Zak.
La déclaration de Bush à Riyad est plus significatives du point de vue politique. Les Républicains devront bientôt dire adieu à leur règne aux États-Unis. Pratiquement tous les candidats à l'élection présidentielle sont fortement contre la guerre en Irak [NDT : ?]. Cela soulève l'idée d'un prochain président faisant le maximum d'efforts pour retirer ses troupes du pays déchiré par la guerre.
D'autre part, le théâtre de marionnettes du nouveau régime irakien ne durera pas longtemps sans les soldats étasuniens. L'ambition des sociétés pétrolières étasuniennes, qui importent du pétrole irakien en grandes quantités, peut de même décliner. C'est peu de dire que l'activité des compagnies pétrolières en Irak, établie sur un accord de partage de production, manque de transparence.
Il se pourrait que les États-Unis souffrent vraiment du manque de pétrole irakien quand ils mettront fin à leur présence militaire dans ce pays. « C'est de la pure politique. Il est évident que les compagnies pétrolières étasuniennes perdront un certain nombre de soutien à l'arrivée au pouvoir des démocrates, » a déclaré Mikhaïl Zak. On doit supposer que le discours de George Bush en Arabie Saoudite démontrait les tentatives désespérées des compagnies pétrolières étasuniennes pour renforcer leur position.
Original anglais : http://english.pravda.ru/world/asia/16-01-2008/103443-bush_saudi-0
Traduit du russe en anglais par Dmitry Sudakov pour Pravda.ru
Traduit au mieux par Pétrus Lombard pour Alter Info
* NDT : Selon le Wall Street Journal du 4 janvier 2008, cité par Mike Whitney dans l'article La bombe à retardement de la déflation, le prix de l'or et du pétrole sont montés quasi parallèlement : « Depuis 2001, le prix de l'or a augmenté de 239%, tandis que le prix du pétrole augmentait de 267%. Ce qui signifie, que si le dollar était resté aussi bon que l'or, nous payerions aujourd'hui le pétrole 30 dollars le baril. »
Il paraîtrait aussi que le prix du pétrole n'est pas dû à la pénurie mais plutôt à la spéculation des fonds de pension anglo-saxons. Cela voudrait dire que ces fonds de pensions, sans doute actionnaires des compagnies pétrolières, permettent de créer une pénurie artificielle en achetant des grandes quantités de brut, puis en les libérant sur le marché au prix fort ?
Quoi qu'il en soit, les pays pétroliers peuvent certainement faire baisser le cours du pétrole en augmentant la production au-delà de la demande.